« Pardonner, est-ce possible ? » n°29

Edito

Vous avez remarqué ? Le « pardon » est à la mode. Dans notre société du spectacle on le met en scène : du « confessionnal » de la télé-réalité au pardon public de nos hommes politiques pour leurs « bourdes », du pardon que l’on affiche sur Facebook à la difficile réconciliation des peuples séparés par l’Histoire, du « tout est pardonné » de Charlie Hebdo à l’impossible pardon des familles de victimes dans des procès médiatiques…bref le pardon est partout…du moins en apparence.

 De cette mise en scène nous sommes spectateurs et parfois voyeurs. En fait, il s’agit de « scénariser » pour nous l’acte du pardon et de flatter sans doute au passage notre ego en nous positionnant en juges, voire en dieux « moi à sa place je ne pardonnerais pas » ou bien « il serait temps de pardonner »…

 Il est d’ailleurs symptomatique de voir que ce pardon là est davantage traité dans le prisme de celui qui le donne que de celui qui le reçoit. On montre ainsi hésitations ou reproches de celui qui s’apprête à accorder son pardon mais la démarche de celui qui le reçoit est moins visible.

 Et pourtant, qu’il est dur d’être pardonné : prendre conscience de son tort, regretter, demander pardon, accepter le pardon, se pardonner à soi-même…

 Alors il est bon de rappeler que le pardon est une affaire engageante : chemin sans retour, souvent douloureux, transformant, intime, dans lequel on n’attend aucune compensation, aucune rétribution…

 Le pardon c’est un acte relationnel fondateur, celui qui fait avancer ou repartir et sans lequel une vie entière peut être gâchée. Alors vraiment est ce que « tout est pardonné » ?

 Florent Nouschi, Mariste laïc

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