Edito
Qu’est-ce qui nous fait vivre, vraiment ? Les premiers regards du nourrisson nous le rappellent : nous sommes des êtres de lien. Le lien est l’oxygène de l’âme et le ciment du monde. Ce nouveau numéro se penche sur ces attaches, visibles et invisibles, qui nous tissent, nous portent et nous transforment.
Tout commence par un appel. Cet appel, intime, qui nous invite à vivre et faire vivre, faire connaître et aimer. Cet appel résonne comme une responsabilité joyeuse : tendre la main aux isolés, réparer ensemble le tissu déchiré du monde et proclamer la Bonne Nouvelle. Car le lien, ce travail de tissage, est l’enjeu vital de notre temps, lien à soi, aux autres, à la nature.
Ces liens se déclinent à tous les âges de la vie. Ils se nouent dès le plus jeune âge, dans la sécurité indispensable au nourrisson, fondement de toute aptitude future à se réaliser parmi les autres. Ces liens s’expérimentent et se fortifient à l’école, ce lieu ouvert où les jeunes apprennent le partage qui change la vie, où se construit un regard plus humain et solidaire sur le monde. Ces liens évoluent encore avec nos aînés, pour qui vivre seul sans être isolé devient une quête pour un nouveau réseau de soutien de la vie devant soi.
Et quand les épreuves surviennent – la maladie, le deuil, l’isolement –, le lien prend des formes de résilience. La pair-aidance montre comment une expérience partagée peut redonner un élan de vie, sans jugement. Même dans l’éloignement géographique le plus extrême, le lien persiste et se cultive : l’écriture maintient le fil et porte la mission. La prière d’intercession devient, quant à elle, un acte de solidarité silencieuse et puissante, un toucher guérisseur qui nous unit tous dans la foi et accompagne les seuils sacrés de l’existence.
À travers les témoignages, les analyses et les récits qui suivent, une même aspiration pour les appelés à être simplement des artisans de reliance. Ces liens qui font vivre sont à la fois notre mission et notre grâce.
MARTINE BALDINO PUTZKA, laïque mariste
